Pierre Ansart nous a quitté le 28 octobre 2016 à l’âge de 94 ans. Professeur de sociologie à Paris Diderot de 1970 à 1990, il a contribué à la construction de l’UFR de sociologie dans cette université. Disciple de Georges Gurvitch dont il fut marqué par la monumentale Idée du droit social (1932) et par les pages qui y sont consacrées à Proudhon, Pierre Ansart est à la fois un historien du social et des pensées sociales et un sociologue des idéologies et des sentiments. C’est à son retour du Vietnam où il enseigna huit ans, comme professeur de philosophie, que Pierre Ansart entreprend sa thèse sous la direction de Georges Gurvitch sur les pensées de Marx, de Proudhon et de Saint-Simon et que, par ailleurs, il entre au CNRS.
Ses premières publications reflèteront ce tout premier ensemble de recherches : Sociologie de Proudhon (1967), Socialisme et anarchisme : Saint-Simon, Proudhon, Marx (1969), Saint-Simon (1969), Sociologie de Saint-Simon (1970), Naissance de l’anarchisme (1970). Mais si l’œuvre est traversée par la référence à Pierre Joseph Proudhon, dont il fut très tôt séduit par l’érudition et la liberté d’esprit, et si l’anarchisme et les pensées sociales françaises furent constamment des préoccupations de Pierre Ansart, il fut aussi un sociologue des émotions et des passions politiques, comme en attestent de nombreux ouvrages qui vont être publiés entre les années 80 à la fin des années 2000.
Sensible aux enjeux de liens, aux « insolidarités », mot qu’il reprenait de Fourier autant que de Proudhon, Il a poursuivi dans l’étude des sentiments et des passions politiques une orientation sociologique originale qui l’a rapproché de la psychanalyse et de la psycho-sociologie. Homme discret, mesuré, d’une extrême civilité, qui contrastait avec la faconde parfois bruyante de certains de ses collègues de l’UFR de sciences sociales, il avait gardé avec certains de ses doctorants des liens très forts. Parmi ceux-ci Masahiro Ogino, qui l’invita pendant plusieurs années dans le cadre de colloques et de séminaires à l’Université Kwansei Gakuin et à l’Université Koyasan et dont plusieurs publications en collaboration attestent : Quand la vie s’allonge, France – Japon, (2004) Entre travail, retraite et vieillesse. Le grand écart (2007).
Pierre Ansart a aussi été un membre fidèle des Cahiers internationaux de sociologie, dirigés par Georges Balandier et Michel Wieviorka, et ce jusqu’à la disparition de cette revue en 2011. Il a pris la succession de Jean Bancal à la présidence de Société P.-J. Proudhon de 1986 à 1993.
Une cérémonie aura lieu au crématorium du Père Lachaise, salle Mauméjean mardi 8 novembre à 16h.