Hommage à Georges Navet

L’ancien président de la Société P.-J. Proudhon, Georges Navet,  est décédé  le 31 mai dernier à l’âge de 72 ans.

Nous publions ici plusieurs textes d’hommage, ainsi que quelques vidéos et photos.

  • In Memoriam

En la personne de Georges Navet, la société Proudhon perd un de ses piliers depuis près de 40 ans, et elle lui doit donc beaucoup.

Notre ami a d’abord été un fidèle participant à l’Atelier Proudhon et en 1988, après la retraite de Rosemarie Ferenczi, il a accepté bénévolement, avec Jean-Paul Thomas, la direction de ce séminaire de l’EHESS jusqu’en 1997.

En novembre 1993 Pierre Ansart ayant souhaité se décharger de la présidence de notre société, tout en restant un adhérent très actif, Georges a accepté cette charge dont il s’est acquitté avec le sérieux et l’humour qui le caractérisaient. Ses textes pour le Bulletin d’information comme pour les Archives proudhoniennes ou les Actes de nos colloques étaient envoyés avec la plus grande ponctualité, tout en étant d’une qualité qui faisait chaque fois mon admiration.

De plus, Georges était présent à toutes les réunions du bureau au cours desquelles il faisait bénéficier notre Société Proudhon de ses idées lumineuses, mais également de son humour très subtil, ce qui contribuait à rendre ces réunions très fructueuses et en même temps très conviviales.

De plus, Georges fut un des moteurs essentiels du Dictionnaire Proudhon, autant par la qualité de ses contributions que par le temps qu’il a investi dans la relecture de tous les articles.

Sa présence chaleureuse et efficace va beaucoup nous manquer, mais nous aurons à cœur de continuer dans la voie qu’il nous a tracée, faite d’exigence intellectuelle mais aussi de grande humanité.

Chantal Gaillard

Secrétaire Générale de la Société Proudhon de 1986 à 2017.

  • Hommage d’Edward Castleton à Georges Navet.

(Cérémonie d’adieu au Crématorium du cimetière du Père-Lachaise à Paris, le 26 juin 2020.)

« J’ai connu Georges à titre personnel et en tant que membre de la Société P-J Proudhon dont il fut président pendant plus que dix ans. A vrai dire, ces deux mondes de connaissance se chevauchaient car on partageait une même fascination pour l’histoire de la pensée au XIXe siècle.

« J’ai rencontré Georges pour la première fois dans les années 1990, en travaillant sur Pierre-Simon Ballanche et les rapports entre la pensée contre-révolutionnaire et le socialisme français naissant.

« Passionné par sa thèse déjà ancienne sur la réception de Vico en France au XIXe siècle, je souhaitais qu’il la publie et je me rappelle avoir cherché désespérément et sans succès à San Francisco, en Californie, un magasin capable de convertir ses vieilles disquettes dans une version Word plus moderne pour qu’il puisse la retravailler.

« Georges représentait pour moi, à l’époque comme toujours, un modèle intellectuel. Il avait une érudition énorme, érudition omnivore non limitée aux textes philosophiques mais englobant aussi des romans, au sujet desquels il m’a toujours donné des conseils, m’incitant à lire Faulkner (la nouvelle L’Ours, mais surtout le roman, Absalon, Absalon !, dont il me citait de mémoire des passages entiers) et me faisant découvrir des auteurs divers que je ne connaissais point auparavant comme Joseph Roth, Ernst von Salomon, ou Miguel Angel Asturias (le genre littéraire de la novela del dictador fut le sujet de l’un de nos de dernières conversations). Cette sensibilité littéraire se voyait dans ses écrits exégétiques, toujours attentifs aux plus fines nuances des textes qu’il décortiquait.

« Georges fut quelqu’un qui ne se mettait jamais en avant et qui fut toujours à l’écoute. Il ne cherchait point les éloges des autres, ni ne se vantait jamais de ses propres capacités. Dieu sait que ce sont des qualités rares et précieuses dans le monde universitaire – elles sont quasiment inexistantes !

« Georges fut quelqu’un qui prenait toujours au sérieux le travail intellectuel collectif, qui cherchait et aimait la collaboration intellectuelle en elle-même, et qui fut toujours extrêmement généreux de son temps. Si c’est pour cette raison qu’il fut plutôt un auteur d’articles qu’un auteur d’ouvrages, cette pratique fut une expression de son orientation générale vers la philosophie qui se voit dans ses publications de l’époque de sa participation dans la revue le Doctrinal de Sapience jusqu’à sa mort.

« J’ai toujours en tête le souvenir de son éternelle bonne humeur, son regard ironique et bienveillant, sa physionomie d’elfe délicat et sage, rayonnante de son intelligence discrète, sa voix douce et rauque à la fois. Pour son caractère exceptionnel et son humanité précieuse, Georges reste inoubliable pour moi. »

  • Intervention au colloque 2017 de la Société Proudhon : « Proudhon, Justice et Révolution »

La vidéo est accessible ici

  • Intervention lors d’une journée d’étude en 2015 organisée à Paris VIII : « L’antithéisme de P.J. Proudhon« 

La vidéo est accessible ici

  • Quelques photos

(Lors du colloque 2014 : Georges Navet, Olivier Chaïbi, Diane Morgan, Pierre Ansart, Edward Castleton, Marc Vuilleumier, Frédéric Brahami, Jorge Cagiao y Conde, Chantal Gaillard)

(Georges Navet et Edward Castleton lors du colloque de la Société P.-J. Proudhon en 2006)